Châteaudun - 18 Octobre 1870 par Edouard Ledeuil – Lieutenant-Colonel aux Francs-Tireurs de Paris-Châteaudun

 "Le 9 septembre 1870, à dix heures du soir, à la gare de Lyon, était rangé, derrière ses faisceaux, un bataillon au costume sévère et léger, vareuse et pantalon noirs, ceinture bleue, casquette américaine. Il pouvait compter de 12 à 1300 volontaires, répartis en 8 compagnies.
C'était le 1er bataillon des Francs-Tireurs de Paris, attendant qu'un train, sous vapeur, l'emportât à Melun.
Etudiants, artistes, commis, ouvriers, anciens soldais, jeunes recrues, tous les âges et toutes les classes s'y trouvaient confondus dans un seul vœu : la délivrance du pays.
Leurs yeux rayonnaient de l'éclat fascinateur que donne au regard le sentiment de l'honneur national ; leurs joues étaient colorées d'incarnat vif; leurs cœurs battaient d'impatience de se mesurer avec les Allemands vainqueurs.
Ils avaient ce qu'on peut appeler les irradiations de la fièvre patriotique.

….

Scène émouvante et grandiose que termina soudain un coup de sifflet de locomotive.
Le clairon sonna la marche. Le bataillon accourut, s'aligna, rompit les faisceaux, agita son drapeau en signe d'adieu et disparut dans le train....
Un quart d'heure après, la machine poussait deux ou trois gémissements.... Il était onze heures…
Une partie de l'âme de la capitale allait s'envoler.
Et puis le train s'ébranla.
Le 1^er bataillon des Francs-Tireurs de Paris était en campagne.
Beau, noble et admirable bataillon qui, parti connaissant à peine le pas et le maniement de l'arme terrible qu'il pressait fièrement sur sa poitrine, se disciplina sous le feu de l'ennemi, se donna tout entier à la patrie et fut, après un mois de campagne, ces héroïques soldats que les Prussiens mêmes admirent et respectent sous le nom de défenseurs de Châteaudun !"

Lien vers : "Châteaudun - 18 octobre 1870"   par le Lieutenant-Colonel Edouard LEDEUIL

"Châteaudun - 8 Octobre 1870" par Edouard LEDEUIL, Lieutenant-Colonel aux Francs-Tireurs de Paris – Châteaudun      Pages 70/71

 « De 4 heures à 7 heures et demie.
……..

« Le lieutenant Echasson, obligé de céder un peu de ter­rain et d'abandonner Mondoucet, se replie sur la cavée de la Reine et, sous le feu prussien, s'y barricade forte­men
Le sous-lieutenant Scheffter conduit les travaux, tandis que les francs-tireurs Dagand, Chauvin et son frère Scheffter {Alphonse}, élève émérite de l'École normale, professeur de philosophie à vingt-cinq ans, protègent les travailleurs par une fusillade incessante tirée du revers du talus de la Guinguette sur Mondoucet.
L'adjudant Bataille ensanglante le premier cette barri­cade où il était monté toujours calme, le front découvert
Le lieutenant Chabrillal, après avoir tenté de charger à la baïonnette sur Mondoucet, pris et repris souvent dans cette lutte acharnée, recule sur la cavée des Reli­gieuses ; le lieutenant Planard, le capitaine Boulanger sont à bout de forces."