1ère bataille d'Artois - 1er et 2 octobre 1914 - Historique du Régiment :
L'ARTOIS 1914.
"Le 30 septembre, la division débarquait à Arras et dans les gares voisines.
Le 97 est réduit à trois bataillons, car les pertes en
cadres et en effectifs n'ont pu être comblées malgré l'arrivée de nombreux
renforts ; chacun regarde la ville, les cafés, les magasins et escompte les
douceurs d'un repos bien gagné,
1er octobre. Alerte ! Alerte ! L'ennemi est en
force à Cambrai, de grosses masses en débouchent, s'avancent vers
l'Ouest. La division BARBOT leur barrera le passage et couvrira Arras. Le
97 reçoit l'ordre de se porter de suite sur Guémappe et Wancourt, il
s'y établira en avant postes, avec à droite les chasseurs, à gauche le 159. La
consigne est de tenir.
Le régiment s'ébranle bientôt : il fait nuit, rares sont les
cartes, plus rares encore les boussoles. Les bataillons de tête 1 & 3
s'avancent avec prudence dans l'inconnu. Parvenus aux abords des villages ils
sont accueillis par une vive fusillade. Ils s'arrêtent, s'organisent non sans de grosses
difficultés. Au petit jour ils sont assaillis de toutes parts : un brouillard
épais les enveloppe et rend toute liaison impossible, on résiste sur place, on
se défend avec acharnement, mais débordés par le nombre les groupes terriblement
éprouvés, en particulier ceux du 2eme & 3eme bataillons,
se replient lentement vers Arras sans cesser de combattre.
Le brouillard s'est levé, la retraite sur ce grand plateau dénudé est des plus difficiles, car maintenant du côté allemand fusils, mitrailleuses crépitent sans relâche et les canons se sont mis de la partie. Plus de la moitié de l'effectif est par terre, tous les officiers supérieurs sont tombés, il reste deux capitaines, et pourtant les derniers survivants des 2eme & 3eme bataillons sous les ordres du capitaine BOZONNAT, du lieutenant TROUSSET, de l'officier-payeur lui-même le lieutenant MAYOUSSE qui à moitié sourd, est accouru seconder les derniers camarades, s'incrustent sur le sol, font des prodiges d'héroïsme et parviennent à enrayer l'avance ennemie. Le 1er bataillon à gauche, moins fortement pressé, se retire en bon ordre. Faisant front avec une maîtrise parfaite il s'établit à hauteur des débris des deux autres, formant avec eux une ligne qui tiendra jusqu'au soir. Son chef, le commandant HUBERDEAU, prend le commandement du régiment réduit à six compagnies. Les pertes ont été des plus lourdes au cours de la journée, il reste mille hommes, mais le sacrifice n'est pas vain, Arras n'a pas été atteint par l'ennemi."
Dans le journal de marche du Régiment on peut lire que cette bataille des 1er et 02 octobre 1914 aura fait 1120 hommes tués, blessés ou disparus.
Zerbst : Camp de prisonniers
militaire (soldats) situé dans le Anhalt, au Sud-est de Magdeburg, à 2Km de la
ville de Zerbst (cité bourgeoise d'environ 30.000 habitants). Ce camp a reçu la
visite des délégués Espagnols le 24 Mai 1917, à cette date, il y a 2.324
prisonniers dont 1.201 français, le camp peut détenir environ 12.000
prisonniers, il reste 9.322 prisonniers répartis dans des détachements de
travail dont 2.631 français.
Ce camp
débute son existence vers le mois d'Octobre 1914, il s'y trouve, à cette date,
une majorité de français, quelques anglais et belges.
"Les prisonniers sont répartis en huit compagnies, comprenant
chacune environ 1.400 à 1.500 hommes qui disposent de six baraquements et d'un
terrain de 10 à 12.000 mètres carrés de superficie. Chaque baraque mesure 60
mètres de long sur 10 de large. Une cloison la divise en deux compartiments qui
donnent asile chacun à 5 escouades de 25 hommes. (...) Une des baraques sert de
bureau et d'atelier, et est affectée aux secrétaires, tailleurs, cordonniers,
menuisiers et peintres travaillant pour les Allemands sans aucune rémunération.
Vers les derniers jours du mois (Octobre), 4.000 Russes environ viennent
partager notre captivité. Ils arrivent d'autres camps sans doute trop proches
de la frontière de Silésie." (extrait du Pays de France 1916).
A une certaine date, se trouvent
environ 12.000 prisonniers dans le camp. L'infirmerie a été installée dans une
baraque vide, elle est tenue par des majors et infirmiers français, 3 Russes et
1 anglais. D'Août 1914 à Janvier 1915, le camp ne dispose ni de lumière, ni de
douches (3 robinets pour 1.500 hommes), ni de poêles, ni de charbon. Environ
200 Km de fils de fer barbelés entourent le camp sur une hauteur approximative
de 3 mètres, et 4 canons sont braqués sur le camp, surveillé par 300 hommes et
des chiens policiers ; les fouilles sont nombreuses et les circulaires également.
Dans ce camp se trouvent des civils, notamment du Nord et de l'Aisne (région de
Soissons). La punition du poteau est pratiquée dans ce camp. Début Mars 1915,
quelques cas de typhus font leur apparition, il faudra environ 40 jours pour
endiguer l'épidémie naissante. Courant Mai (1915) une "bibliothèque est
inaugurée, et au début du mois, un lazaret, construit à proximité du cimetière
du camp (auparavant, les morts étaient enterrés au cimetière de la ville, mais
il fut vite encombré). Au mois de Mai, diverses installations voient le jour en
prévision des visites des neutres, les premiers détachements de travail sont
également organisés. Il semblerait que l'un d'entre eux, chez un propriétaire
d'une usine électrique, était destiné à la fabrication des obus, les autres
détachements employaient les prisonniers au travail dans des usines
(principalement des fonderies), sur les routes, dans les marais, les bois et
les champs, certains prisonniers seront envoyés chez Krupp (à Essen ?).