DAGAND Joseph Eugène

Mort pour la France le 01 Septembre 1914 au Col de La Chipotte (Vosges)


DAGAND Joseph Eugène est né le 04 septembnre 1888 à Allèves (74), fils de Joseph le tailleur, et de Jeanne Françoise DAGAND "Fiornet", mariés à Allèves le 05 novembre 1871.

Il est le frère de Blaise Marie Félicien, soldatt au 157 ème R.I, tué à l'ennemi le 04 juillet 1916 au Col de La Chapelotte.

De la classe 1908, Joseph Eugène, matricule 37 au recrutement d'Annecy est incorporé au 97 Régiment d'Infanterie Alpine.

Il est tué à l'ennemi le 01 septembre 1914 au Col de La Chipotte, dans les Vosges, non loin du Col de La Chapelotte en Meurthe et Moselle, où mourra son frère Blaise.

Extrait de l'historique du 97 R.I.A :

LA LORRAINE 1914

II faut tenir. L'adversaire a la supériorité numérique : il faut tenir. L'ennemi a des mitrailleuses en masse : il faut tenir. L'ennemi a une artillerie formidable : fantassins il faut tenir ! Il faut tenir, c'est-à-dire se dévouer corps et âme, se résigner au sacrifice sans gloire pour le salut de tous, aller jusqu'au bout de l'effort, plus loin encore. C'est là votre rôle au cours des journées en Lorraine, à vous enfants de la Savoie, soldats du 97 : tenir et mieux encore refouler l'ennemi.

Les troupes françaises vers Sarrebourg, après quelques succès se sont heurtées à de solides positions qu'elles n'ont pu enlever, puis ont dû céder devant le nombre et se replier lentement vers le sud-ouest. Il faut arrêter à tout prix l'avance allemande vers Nancy et la trouée de Charmes, avance si dangereuse pour toute l'immense ligne de nos Armées qui convergent à l'heure actuelle en retraite, avec Verdun comme pivot, en attendant le moment favorable où elles pourront faire demi-tour et repartir à l'attaque.

Le 25 août, le 97 débarqué la veille près de Bruyères, suit la vallée de la Mortagne, traverse Rambervillers, puis s'engage sur la route de Raon-l'Étape. De longs convois d'émigrants chassés par l'incendie, par les hordes barbares, défilent en sens inverse. "Vengez-nous, tuez les tous ! Ils ont tout pris, tout pillé, tout brûlé". Les cœurs se serrent, les poings se crispent, une froide résolution se lit sur tous les visages. La colonne a quitté la route de Raon-l'Étape, elle s'élève au nord, gravit les pentes de la longue arête aux sommets boisés ; des blessés passent, des artilleurs se replient, la rage et la douleur au cœur, leurs batteries mises en pièces par les 105. La colonne avance toujours. Elle s'engage dans les bois, s'étale, franchit la crête et les premiers éléments arrivent à la lisière sur le versant opposé. Devant eux s'étend une pente douce et longue, entièrement découverte : en bas, dans le lointain, le village de Menil, premier objectif assigné. Les ordres sont rapidement donnés et l'attaque, couverte à droite par le 159eme qui marche sur Sainte-Barbe à l'est du Menil, à gauche par des marsouins en position en avant, dévale la pente. Les petites colonnes s'élancent, traversent d'un bond les espaces découverts, se terrent un moment dans les creux pour reprendre haleine et franchissent ainsi avec fort peu de pertes, malgré les gros obus qui explosent en projetant vers le ciel leur grosse colonne de fumée, ou les shrapnels qui éclatent sur les têtes avec un déchirement strident, l'espace qui les sépare du Menil. Maintenant il est impossible d'avancer davantage sans l'appui de l'artillerie, l'ennemi est retranché aux abords ou dans le village ; son feu devient par trop meurtrier. Un moment l'espoir a parcouru la ligne d'attaque, nos 75 se sont installés à la lisière des bois à la crête en arrière et règlent leur tir sur les défenseurs du Menil et de Sainte-Barbe ; contrebattus aussitôt par 105 ils se taisent, fortement éprouvés, impuissants dans cette lutte trop inégale : ils abandonnent l'infanterie à son sort. Les tentatives de celle-ci ne peuvent aboutir au résultat cherché ; les 2eme et 3eme bataillons s'épuisent dans un combat sans espoir !

Et la nuit tombe sur le champ de bataille où nous n'avons pu triompher mais où du moins par notre vaillance nous avons contenu l'ennemi. La lutte se poursuivit durant deux jours : les hommes avaient creusé des trous pour s'abriter, puis ils les avaient réunis par une tranchée. Ainsi organisé le 97, s'il n'a pu sans appui d'artillerie, enlever Menil, brise du moins toutes les tentatives que fait l'adversaire pour en déboucher. L'ennemi impuissant de ce côté poursuit cependant son attaque sur d'autres points ; de Raon-l'Étape, d'Etival, il pousse avec vigueur les éléments du 21eme Corps et arrive sur les sommets boisés qui séparent la vallée de la Meurtrie de celle de la Mortagne ;

le 27 au soir le 97 reçoit l'ordre d'aller tenir le col de la Chipotte sur la route de Raon-l'Étape à Rambervillers. Du 28 août au 10 septembre, le régiment déployé dans les bois, soutient la lutte ; lutte âpre contre un ennemi invisible. L'étendue du front, la faiblesse des effectifs, la fatigue de tous, l'absence de l'artillerie, ne permettent nul effort sérieux et il faut à tous les combattants une rare énergie pour que les petits groupes épars sur la ligne, presque perdus dans la forêt se cramponnent obstinément au sol et empêchent toute avance de l'adversaire.

Le Col de la Chipotte, qui le 1er septembre ne fut sauvé que grâce à l'énergie du général BARBOT, légendaire figure de soldat, et de quelques unités près de lui qu'il lança sans hésiter sur une forte attaque allemande ; col de Rarement, que les 2eme et 3ème bataillons défendirent avec la fureur du désespoir : vous êtes peuplés de croix blanches : le 97 s'y est sacrifié, mais il a tenu.

La bataille de la Marne pendant ce temps, s'achevait en triomphe et sur tous les points l'Armée allemande battait en retraite. Le 12, le régiment entamait la poursuite, descendait dans la vallée de la Meurthe puis remontait à l'est vers la frontière. Avant d'atteindre l'arête principale des Vosges, il se heurtait aux retranchements ennemis dont il cherchait vainement à s'emparer. Il réussit à prendre pied dans le hameau de La Fontenelle au Ban-de-Sapt mais la fatigue, l'épuisement de tous, la diminution des effectifs ne permirent pas sur ce point, comme sur tout le front français, de pousser plus loin l'avantage. Après quelques luttes sanglantes, les survivants s'installèrent dans des trous creusés à la hâte, et sous la pluie battante, sans couverture, sans toile de tente, sans abri attendirent stoïquement qu'on les vînt relever.

Le 28, la division (97ème et 159ème d'infanterie - 54ème, 57ème et 61ème bataillons de chasseurs) celle qui sera la 77, mais restera la division BARBOT, du nom de son premier chef, était rappelée en toute hâte et transportée vers le Nord, vers Arras.

 


Plan de situation Plan de la bataille

 


Voyage du 27 septembre 2006, au Col de La Chipotte, "à la rencontre" de Joseph Eugène

Nécropole de Saint Benoit La Chipotte

sur le terre plain, monument en hommage à la 86 Brigade de Chasseurs Alpins

Le cimetière s'étend sur une superficie de 10006 mètres carrés - 893 corps y reposent en tombes individuelles - 1899 corps en deux ossuaires

Col de La Chipotte Monument à l'extérieur

 

Wikipedia - La bataille de la Chipotte

Le col de la Chipotte a été le lieu de combats au corps-à-corps du 26 août au 24 septembre 1914 : passé cinq fois aux mains des Francais et des Allemands , il a vu 4000 soldats francais tomber et a été surnommé par les Poilus "le Trou de l'Enfer". Ces affrontements meurtriers ont précédé la guerre des tranchées.

 

Entrée de la Nécropole

St Benoit la Chipotte Entrée de la nécropole

Ci-dessous, les deux ossuaires où reposent les restes de Joseph Eugène

 

Ossuaire

Hommage aux morts de la bataille des Vosges et du Col de La Chipotte.

Stèle aux combats de La Chipotte

Alignement de tombes

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