DAGAND Raymond François

Mort pour la France le 31 octobre 1916 à Les Souhesmes Rampont (Meuse)


DAGAND Raymond François est né à Allèves le 20 septembre 1887.

De la clase 1907, matricule 60 au recrutement d'Annecy, il est soldat de deuxième classe au 102 ème Régiment d'Infanterie lorsqu'il est grièvement blessé lors des combats devant Douaumont fin octobre 1916. Transporté à l'hopital de campagne à Les Souhesmes Rampont (Meuse), il y décède le 31 octobre.

Extrait de l'historique du 102 Régiment d'Infanterie :

"VERDUN !!! Le régiment est engagé dans la grande bataille de Verdun. Il reçoit la mission de repousser l'ennemi de la crête Thiaumont-Fleury, que ce dernier tient encore. Le 3 septembre, le 102e attaque l'ouvrage de Thiaumont. Dès 14 heures, les éléments des compagnies d'attaque marchèrent résolument de l'avant, prenant pied dans les postes avancés de l'ennemi et faisant des prisonniers. Malheureusement, le terrain bouleversé de Verdun était, avec ses entonnoirs, ses trous d'obus, susceptible plus que tous autre, de servir de repaire aux nids de mitrailleuses. Les Allemands le savaient, et vers 17 heures notre attaque qui, après un moment de répit, avait recommencé, était nettement arrêtée par les mitrailleuses. Néanmoins, au cours de cette avance, où nous avions occupé sinon tout, tout au moins une grande partie des objectifs assignés, nous avons fait 53 prisonniers, dont 1 officier. Dans la soirée du lendemain, les Boches essayèrent de nous enlever ce que nous avions pris la veille ; ils déclenchèrent une violente contre-attaque. Mais nos gars sont encore solides au poste, et à coups de grenades, à coups de fusil, quelquefois au corps à corps, ils repoussent l'ennemi qui laisse sur le terrain de nombreux morts. Malheureusement, cette journée nous coûtait 214 blessés et 67 tués ! Sans abandonner la région de Verdun, les bataillons sont relevés par le 104e. Puis, le 20 septembre, une nouvelle attaque se déclenche. Il faut cette fois atteindre la crête de Thiaumont. Mais le temps s'en mêle et pendant quatre jours, c'est une pluie ininterrompue et diluvienne. Pendant quatre jours, nos poilus sont dans la boue jusqu'au ventre, marmités sans interruption par la contre-préparation boche. Malgré cela, le 20 septembre à 16 h 12, impatientes, les premières vagues s'élancent, elles n'ont pu attendre l'heure fixée, qui était 16 h 15. Immédiatement, la première ligne est occupée et les prisonniers commencent à affluer ; le soir, on en comptera 103 dont plusieurs officiers. Cependant, comme toujours, des mitrailleuses se dévoilent et fauchent dans les rangs de nos soldats : malgré tout, ils avancent encore, mais peu après ils sont obligés de s'arrêter, ils ne sont plus assez ! Des chiffres encore seront plus éloquents que toutes les phrases. La conquête de la crête Fleury-Thiaumont nous coûtait 366 tués et blessés ! Encore quelques jours de repos dans la région de Sermaize, puis c'est encore une fois Verdun. A Douaumont, les coloniaux viennent d'avancer (24 août 1916) ; la 7e division vient ensuite pour " tenir le secteur ". Après une marche exténuante de 5 heures pour faire 5 kilomètres sous les marmites, dans la boue jusqu'aux genoux, après une traversée du fort qu'il faut faire par un couloir dans lequel on a de l'eau jusqu'au ventre, c'est l'arrivée dans les trous d'obus " jointifs ", puis, pendant trois jours, c'est un arrosage continuel de balles, d'obus ; c'est le stationnement pendant trois jours dans la boue de Verdun, sans manger et sans boire ! C'est encore 170 hommes que nous prend Douaumont, plus que les pertes de la division coloniale qui a pris le fort !! Pour qui a connu Verdun, sa boue, l'odeur fétide qui se dégageait de chaque côté, la tristesse de ce pauvre coin de France dévastée, est-ce qu'une boutade de gaieté ne semble pas une chose paradoxale, dans cet enfer ? Pourtant, le 29 octobre, alors que la 2e compagnie occupait les premières lignes en avant de Douaumont, les hommes grelottaient sous la pluie, n'ayant pour se garer du bombardement (et ceux qui y ont été savent ce qu'étaient les bombardements de Verdun) que les trous d'obus dans lesquels ils attendaient stoïquement la relève qui viendrait les délivrer. Tout à coup, les 75 et les 155 se mettent de la partie et exécutent un violent barrage sur les lignes boches ; un soldat de Paris lança cette apostrophe : " Expédition de petits vases en cuivre à l'usage des Boches. " A peine avait-il prononcé ces paroles qu'un 210 tombe à côté, couvrant tout le monde de terre et de boue, et notre loustic s'écrie aussitôt : " Attention aux enfants : don de Michelin… Merci ! " Le danger couru et la misère endurée furent un instant oubliés dans un éclat de rire !!! Ces mots ne sont- ils pas héroïques à leur manière ? La vieille gaieté française, élément essentiel du moral, n'a jamais perdu ses droits, même dans les moments les plus critiques. Quelques jours de repos bien gagné à la Citadelle. Encore un nouveau séjour à Verdun de la division " Pelles et Pioches ". Il faut préparer les parallèles de départ pour l'attaque de la côte du Poivre. Malgré le bombardement, le régiment accomplit sa tâche, coopérant ainsi à l'avance que réaliseront quelques jours plus tard tous les camarades d'une autre division. "

Lisons également le journal de marche de ce régiment pour les journées considérées :

Relevé parJean -Paul STRIL - 15 février 2005

JMO du 102° RI journées du 25 octobre au 1er novembre 1916 cote SHD 9M-393

25 octobre 1916 A 0h15, l'état major et le 1° bataillon du 102° RI sont mis à disposition du général commandant la 38° DI et quittent immédiatement Verdun pour aller à MF2. Situation dans la matinée : - le 3° bataillon occupe la tranchée Gallieni, le boyau Bertha et la tranchée Krupp - le 2° bataillon est dirigé vers les abris 118 et y caserne - le 1° bataillon occupe les ouvrages de St Waast et des Carrières - l'EM et la CHR sont à MF6 Dans la journée, le 2° bataillon est mis à disposition de la brigade PRIOD et vient dans la nuit aux Carrières St Waast (MF6) Le 2° bataillon est envoyé aux abris 320, à la tranchée Lagadez et aux 4 Cheminées. L'EM, la CHR et le 1° bataillon reviennent à MF2 (2 compagnies occupent les tranchées Boulogne et Froideterre)

26 octobre 1916 Sans changement Des obus asphyxiants sont lancés sur MF2

27 octobre 1916 Dans la journée, ,les 1° et 2° bataillons reçoivent l'ordre de mise en route pour relever 2 bataillons du régiment colonial dans le secteur de Douaumont L'EM reçoit aussi l'ordre d'aller au Fort de Douaumont.

28 octobre 1916 L'EM, les 1° et 2° bataillons, après une marche extrêmement pénible dans la boue sur un terrain bouleversé et sous le feu extrêmement nourri de l'artillerie lourde ennemie, arrive à Douaumont dans la matinée. - PC de colonel : Fort de Douaumont - 1° bataillon : subdivision du Fort - 2° bataillon : subdivision du village La 6° compagnie et 3 sections de la CM2 sont embouteillées dans le fort par les unités descendantes relevées par le 1° bataillon et ne peuvent déboucher et doivent attendre la nuit suivante. Le 3° bataillon reste en soutien. Le PC du chef de bataillon est aux abris Sud Nominations au grade de sous-lieutenant : Aspirant PAULIN Sergent SCHNEIDER, du 30° RIT détaché au 102° RI - Adjudant BARD, du 1401° RIT détaché au 102° RI - Sergent MONTBEL, idem - Sergent ROCHER, idem

29 octobre 1916 Sans changement. La relève s'achève au petit jour

30 octobre 1916 L'EM quitte Douaumont. Le PC du colonel est transféré aux abris Adalbert. Pas de changement pour les bataillons.

31 octobre 1916 Sans changement Dans le nuit du 31 au 1er novembre, le 215°RI vient relever le 102°RI. Le 1° bataillon vient à MF2 Le 2° bataillon vient aux Carrières St Waast Le 3° bataillon va aux 4 Cheminées.

Pertes depuis le 25 octobre 1916 - 25/10/1916 : 4 tués, 32 blessés, 5 disparus - 26/10/1916 : 3 tués, 23 blessés, - 27/10/1916 : 12 tués, 25 blessés, 2 disparus - 28/10/1916 : 57 tués, 7 disparus - 29/10/1916 : 26 tués, 88 blessés, 2 disparus - 30/10/1916 : 20 tués, 69 blessés, 12 disparus

Le 31 octobre 1916 Tués Noms grade dépôt classe bur. Recrut. prévenir - ROUAUX Eugène Armand 2° cl Chartres 1901 Rennes (Senq) - ROUILLON Adrien Auguste 2°cl Chartres 1904 Chartres Bonneval - POLI Antoine capitaine Chartres 1904 Ajaccio Balogna - TOURENNE Armand Octave 2°cl Falaise 1906 Vernay Marvellon en Pareds (Vendée) - GASNIER Alexis Armand 23°cl Chartres 1905 Chartres Chatillon (28) - GENET Gabriel Marie sergent St Germain 1912 Versailles Betplan (Gers) - LEGRAY Maurice Auguste brancardier 1909 Le Mans Le Mans - LECOURT Paul Jules brancardier 1916 Dreux Boutigny (28) - RUEL Georges Eugène 2°cl 1912 Mamers Nauvay (72) - MARE Jean 2°cl 1916 Saint Malo Ploubalay (22) - BOSCHER Sébastien 2°cl 1916 Saint Malo Rouilla c (Gers) - LE PIVAINGT Olivier 2°cl 1916 Guingamp Pleublan (22) - TOUSSAINT Arthur caporal 1902 Toul Favennes (54) - MOULARD Lucien 2°cl 1901 Chartres Fains-les-Folies (28) - TOQUE Alphonse Marie 2°cl 1914 Rennes Le Rheu (35) Et 51 blessés et 1 disparu.

1er novembre 1916 : 3 tués, 10 blessés.


Raymond François est inhumé à la Nécropole Nationale de "Les Souhesmes - Rampont (Meuse)

Tombe 743

Lieu dit "Fontaine Routhon"


VOYAGE DU 19 JUILLET 2006 - Arrivée à "Les souhesmes-Rampont" à 15 H 00 : 35 degrés.

Le cimetière se trouve tout de suite après la sortie d'autoroute, lieu dit " Les Souhesmes ", sur la droite, juste avant " Souhesme la Grande ". Nécropole au lieu dit " Fontaine Routhon "

Le cimetière a l'apparence " d'un grand jardin ". 1068 tombes sur 9870 mètres carrés.

La tombe 743 de Raymond François est en bordure d'allée. Sur la croix figure la date du 01.11.1916. Sur sa droite repose MARCHOU Jean du 11 R.I

Retour sur Metz : 37 degrés.

 

Nécropole "Les Souhesmes - Rampont" Vue d'ensemble

 

Alignements de tombes

 

Tombe 743

 

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