ALLEVES par les petites histoires


 

Nous commencerons par "la petite histoire"

racontée dans le journal Détective du 22 septembre 1955

comportant 7 photographies d'époque dont votre dévoué.

 


Nous continuerons par

l'histoire de Guillaume d'Orlye et du chateau du Cengle


L'ermite du Cengle

Molière prend son bien où il se trouve, et il se rencontre que c'est un vieil esclave, un misérable tourneur de meule, nommé Plaute, qui s'était emparé du bien de Poquelin quelque chose comme seize siècles avant la naissance du légitime propriétaire. Celui-ci s'est fait rendre Harpagon, et le tribunal de la postérité a consacré ses droits.

Je rencontrai un jour, le long des boulevards de Chambéry, un malheureux perclus qui, du haut de la charrette primitive qui avait été confectionnée à son usage, débitait une petite brochure au prix de vingt centimes l'exemplaire. J'offris mon obole, et mon bienfait de quatre sous fut récompensé. Je trouvai dans cette brochure dont le malheureux marchand était l'auteur, une légende qui m'appartient. En conséquence, je dépouille Jean Dagand, d'Allèves, au même titre que Molière dépouilla Plaute.

L'opuscule dont il s'agit contient la description minutieuse de la grotte de Banges, petite merveille géologique que la Savoie n'est pas suffisamment fière de posséder en son sein. Elle se trouve presqu'à la base du Semnoz, cette montagne dont un homme audacieux autant qu'intelligent, M. Vallin, a rêvé de faire de Righi de la Savoie. Le Semnoz et la grotte de Banges se prêteront mutuellement leur prestige, et tous les deux deviendront, avant longtemps, un but d'excursion pour les touristes et, partant, une source de prospérité pour la contrée. Je renvoie à la lecture précitée les lecteurs qui seraient curieux de lire une description complète de la grotte de Banges. Ils l'achèteront, et de la sorte, ils auront acquis, au prix d'une légère aumône, un droit de plus au bonheur éternel, et en même temps trouvé l'occasion de contempler une des plus belles choses de ce monde.

Mais la légende qui se rapporte à la grotte de Banges m'appartient et je m'en empare sans autre forme de procès. A 200 mètres de la grotte prend naissance un étroit sentier par lequel on arrive péniblement à mi-hauteur d'un rocher sauvage qui penche sur un précipice. Là se trouvait jadis le Fort-de-cengle, dont les ruines abandonnées ont pendant longtemps servi de demeure aux oiseaux de proie. Ce fut dans cette solitude, suspendue entre le ciel et la terre, que se retira, en 1450, le bienheureux Guillaume d'Orlyé, honoré depuis d'un véritable culte dans le diocèse d'Annecy. On dit que les dominicains, ordre auquel appartenait le bienheureux Guillaume, se proposent de transformer les ruines du Cengle en une chapelle consacrée au saint ermite qui y mourut en 1458, et dont voici sommairement l'histoire.

Après avoir brillé d'un vil éclat dans la cité de Berne, la maison d'Orlyé fut obligée par les événements politiques de l'époque de se réfugier en Savoie, et c'est dans le manoir dont on voit encore aujourd'hui les restes à Viuz-la-Chésiaz que vint s'établir Bernard d'Orlyé, chef de cette noble famille au commencement du XVe siècle. Son fils Guillaume était tout jeune encore ; mais il dut bientôt songer à l'avenir. Son rang, ses talents, ses heureuses qualités, tout lui promettait dans le monde un grand succès. Aussi Bernard en était-il fier, et c'est avec une sorte d'orgueil qu'il obligea son fils à se produire à la cour du duc Amédée. Mais Guillaume, élevé dans la crainte de Dieu par la plus pieuse des mères, ne tarda point à se dégoûter de cette vie opulente, où son âme virginale ne respirait plus le parfum de l'innocence qui avait embaumé son enfance. Poussé par une résolution généreuse, il revint dans la maison maternelle, où il passa du reste que quelques années ; ayant perdu sa mère, il n'eut plus qu'un désir, celui de se consacrer entièrement à Dieu. En 1446, il quittait le monde pour toujours et entrait dans le couvent d'Annecy, à l'âge de quarante deux ans ; mais ce n'est point là qu'il devait mourir : une force irrésistible attirait son cœur vers les hauteurs des cieux, et il éprouvait le besoin de vivre dans la solitude. Il choisit les ruines de Cengle pour sa retraite définitive, et y mena une vie toute angélique : s’inquiétant peu des choses de la terre, il se nourrissait de racines, et demandait à un torrent voisin quelques gouttes d'eau pour étancher sa soif ; il mortifiait sa chair par une énorme chaîne de fer, qui lui serrait étroitement les reins et retenait ses vêtements. C'est ainsi qu'il vécut au Cengle pendant huit années, se livrant tour à tour à la pénitence et à l'apostolat ; car les fidèles accouraient en foule à son ermitage, pour s'édifier de ses exemples et implorer le secours de ses prières. Enfin, le 19 février de l'an 1458, pendant une extase de la plus grande suavité, son âme sainte brisa les liens qui la tenaient captive, et pour toujours elle s'unit à son créateur. Sa glorification commença immédiatement après sa mort, car les dominicains s'empressèrent de recueillir ses précieuses dépouilles, et les transportèrent à Annecy, où elles n'ont jamais cessé d'être l'objet d'une profonde vénération, du reste entretenue par les nombreuses grâces obtenues par l'invocation du bienheureux d'Orlyé.

Par Antony DESSAIX - Annecy 1875 Aimé PERRISSIN et Cie Imprimeurs - éditeurs - Annecy

 

D'autres histoires suivront

 

 

Lien vers les Grottes de Banges :

http://plongeesouterraine.oldiblog.com/?page=lastarticle&id=414805

Lien vers lesTours Saint Jacques :

http://randos.en-savoie.fr/rando_voir.php?rando_id=101&randos=Tours%20Saint%20Jacques

Lien vers Les Tours Saint Jacques - Le Pont de l'Abîme :

http://www.geol-alp.com/bauges/_lieux/tours_st_jacques.html

 

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